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31/12/2017

Comment renverser la flèche du temps ?

Des physiciens démontrent comment renverser la flèche du temps

L'expérience extraordinaire ouvre la porte à une nouvelle génération de dispositifs et révèle une relation plus profonde entre le temps, l'entropie et l'intrication.
> par Technologie émergente
22 décembre 2017

 
L'un des défis les plus curieux de la physique est de comprendre la nature du temps.

Au niveau microscopique, les lois de la physique sont symétriques par rapport au temps: elles fonctionnent aussi bien que le temps avance ou recule. Mais au niveau macroscopique, les processus ont tous une direction privilégiée. Le grand physicien Arthur Eddington a appelé cela la «flèche du temps».

Savoir pourquoi cette flèche pointe dans une direction mais pas l'autre est l'un des grands mystères scientifiques. La réponse standard est que la flèche du temps découle de la deuxième loi de la thermodynamique - ce désordre, ou entropie, augmente toujours dans un système fermé.
C'est pourquoi le lait se mélange facilement dans le thé mais ne sort jamais d'une infusion, pourquoi les œufs brouillés ne se déchirent jamais spontanément, et pourquoi votre tasse de café du matin chauffe vos mains comme vous le tenez et non l'inverse.

Mais il y a un autre facteur à l'œuvre - les conditions initiales de l'univers.

Pour des raisons inconnues, l'univers primitif était chaud et son énergie distribuée uniformément. C'est un état à faible entropie pour un système dominé par la gravité.
Au fil du temps, l'entropie a continuellement augmenté, et c'est ce qui a largement déterminé la flèche du temps.
Mais cela soulève une possibilité intéressante. Si les conditions initiales déterminent la flèche du temps, il est peut-être possible de créer des systèmes sur Terre avec des conditions initiales qui forcent la flèche du temps à tourner dans la direction opposée. Dans ces systèmes, les œufs pouvaient spontanément se désembrouiller et la chaleur pouvait s'écouler des objets froids vers les objets chauds.
Aujourd'hui, Kaonan Micadei à l'Université fédérale d'ABC au Brésil et quelques copains ont construit un tel système pour la première fois. Dans leur expérience, la flèche du temps court en sens inverse, ce qui leur permet d'observer un objet froid chauffer un objet plus chaud. Le travail soulève la possibilité d'une nouvelle génération de dispositifs dans lesquels la flèche du temps recule.
Le nouveau système exotique est un mélange de chloroforme dissous dans le dissolvant de vernis à ongles, ou d'acétone. Chloroform-CHCl 3 - se compose d'un seul atome de carbone, d'un seul atome d'hydrogène et de trois atomes de chlore.
Cela crée un terrain de jeu parfait pour les physiciens quantiques, qui sont capables de manipuler les spins nucléaires des noyaux simples de carbone et d'hydrogène en utilisant une technique appelée résonance magnétique nucléaire.
L'idée est d'aligner les noyaux en utilisant un fort champ magnétique. Les physiciens utilisent ensuite des impulsions radio pour retourner l'un des spins ou les deux, ce qui les met en corrélation ou enchevêtrés. Et en écoutant les signaux radio émis par les noyaux, les physiciens peuvent déterminer comment évoluent les états quantiques des noyaux.

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En même temps, les noyaux de carbone et d'hydrogène sont en contact thermique, ce qui signifie que l'énergie thermique peut circuler de l'un à l'autre. L'équipe peut contrôler la température des deux noyaux en les chauffant sélectivement en utilisant la résonance magnétique nucléaire. Quand un noyau est plus chaud que l'autre, la chaleur passe naturellement du plus chaud au plus froid.
Dans la nouvelle expérience, Micadei et co ont observé le contraire. Et la clé est d'emmêler les noyaux à l'avance. L'intrication est l'étrange processus quantique dans lequel deux particules quantiques partagent la même existence. C'est ce phénomène que Micadei et co ont exploité pour créer l'ensemble unique de conditions initiales permettant de revenir en arrière.
Lorsque les noyaux sont enchevêtrés, la corrélation place des limites supplémentaires sur le comportement des particules, ce qui entraîne une sorte de moteur qui entraîne l'énergie thermique dans la direction opposée. "Nous observons un flux de chaleur spontané du froid au système chaud", explique l'équipe.


Cela a des implications importantes pour notre compréhension du temps et de sa relation avec l'intrication et l'entropie. "Nos résultats sur la flèche thermodynamique du temps pourraient aussi avoir des conséquences stimulantes sur la flèche cosmologique du temps", disent Micadei et co, laissant entendre que des corrélations similaires pourraient être responsables des conditions initiales de l'univers.
Un point important dans ce travail est que le phénomène n'est pas limité aux systèmes microscopiques. En effet, ces expériences de RMN fonctionnent sur une échelle macroscopique dans laquelle un grand nombre de molécules contribuent au signal observé. Ainsi, le résultat peut également permettre une nouvelle génération de dispositifs qui conduisent la chaleur des régions froides vers les régions chaudes.


Travail intéressant sur les fondamentaux du temps.


Ref: arxiv.org/abs/1711.03323 : Inverser la flèche thermodynamique du temps en utilisant des corrélations quantiques

source: https://www.technologyreview.com/s/609788/physicists-demonstrate-how-to-reverse-of-the-arrow-of-time/

24/12/2017

S'éveiller à nos multiples dimensions

Un article d'INREES sur nos dimensions multiples

 

« Vous et moi pouvons tous être traversés par des idées, des pulsions, des impulsions, des inspirations qui semblent venir d’un autre monde.
Sont-elles intérieures ou extérieures à nous ? Dans tous les cas, elles résonnent comme des parts inconnues de nous-mêmes qui impactent notre quotidien et nécessitent d’être éclairées. » Stéphane Allix

 

« Des expériences montrent qu’en permanence, le plus souvent à notre insu, nos cellules sont traversées d’informations. Tout se passe comme s’il existait “ailleurs” un grand réservoir d’informations, décrivant la totalité de l’univers et de ses possibles, partagé par nos consciences à la manière d’un cloud. Ce qui peut expliquer les phénomènes intuitifs et notre capacité à percevoir des choses éloignées dans le temps et l’espace » Morvan Salez

« En cherchant à fusionner la relativité générale, description de l’espace-temps à grande échelle, et la théorie quantique qui décrit l’infiniment petit, on arrive, par différents chemins, à des théories qui toutes postulent l’existence de dimensions supplémentaires et d’univers fasse encore consensus, leur émergence est bien le signe d’une intuition grandissante que d’autres univers existent et que notre espace-temps n’est pas la seule facette du réel » Morvan Salez

 

« La mécanique quantique rejoint la relativité générale pour dire que passé, présent et futur sont simultanés et fonctionnent ensemble. Dans le présent, nous n’avons pas un seul parcours parfaitement déterminé vers le futur mais possiblement une multitude. Certains physiciens prétendent que nous aurions différentes versions de nous-mêmes dans chacun de ces univers parallèles. Moi je suis plutôt d’avis que ces différentes vies nous appartiennent et que nous avons la possibilité de passer d’une ligne à une autre. » Philippe Guillemant

L'article en entier

11/12/2017

La conscience en Physique...

La conscience (longtemps taboue en sciences dures) est une notion qui frappe aujourd'hui aux portes de la Physique.

Avec Bohm, Bateson, Guillemant, Haramein par ex, même si  Costa de Beauregard , Jean Charon et Teilhard de Chardin et d'autres avaient débroussaillé déja...

Petit rappel des faits:

Source wikipédia

L'infrapsychisme est en philosophie des sciences une notion délicate, qui laisse entendre qu'il existe un psychisme (de la conscience, de la mémoire) de façon au moins implicite, en dehors de l'homme, dans les atomes ou les êtres naturels (animaux, végétaux et même minéraux).

Le panpsychisme est la "doctrine d'après laquelle toute matière est non seulement vivante (hylozoïsme), mais possède une nature psychique analogue à celle de l'esprit humain" (L.-M. Morfaux, Vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines, Armand Colin, 1980).

 

Histoire

Thalès de Milet "confère une âme aux êtres inanimés, en se fondant sur les propriétés de la pierre magnétique et de l'ambre" (Diogène Laërce, I, 24).

Selon les stoïciens, il est deux principes du monde, l'un actif, l'autre passif, tous deux corporels. Le principe actif est Zeus, la cause divine, le souffle (pneûma), le destin, il se mêle au principe passif (la matière), dans un "mélange total" . Il pénètre tout d'une même "qualité déterminante", qui sont des gaz (aera), un "feu artiste", un souffle, une raison séminale ( des principes créateurs qui révèlent, dans la matière, la présence d'une intelligence organisatrice). Cette qualité prend successivement les formes de pneûma hektikon (souffle cohésif, dans les êtres inanimés), phusis ("nature", dans les végétaux), de psuchè ("psychisme", dans les animaux), de noûs ("esprit", chez les humains).

"La substance tout entière est unifiée par un 'pneûma' [ souffle, psychisme] qui la parcourt entièrement ; sous l'effet de celui-ci, l'univers est contenu et rendu consistant et sympathique à soi-même."

Giordano Bruno conçoit un univers doté d'une Âme. Tout est animé, c'est-à-dire doté d'une âme, selon son Cause, Principe et Unité (1584).

"Toutes les choses sont donc animées ? Oui (...). Une chose, si petite et si minuscule qu'on voudra, renferme en soi une partie de substance spirituelle ; laquelle, si elle trouve le sujet [support] adapté, devient plante, animal (...) ; parce que l'esprit se trouve dans toutes les choses et qu'il n'est pas de minime corpuscule qui n'en contienne une certaine portion et qui n'en soit animé."

En 1591, à Francfort, Giordano Bruno a écrit en latin deux poèmes sur la monade : Du triple minimum (De triplici minimo) et De la monade, du nombre et de la figure (De monade, numero et figura). Il appelle minimum ou monade une entité indivisible qui constitue l'élément minimal des choses matérielles et spirituelles. La monade, qui correspond au point des mathématiques et à l'atome de la physique, est cet être primitif, impérissable, de nature aussi bien corporelle que spirituelle, qui engendre par des rapports réciproques, la vie du monde. C'est une individualisation extrinsèque de la divinité ; existence finie, elle est un aspect de l'essence infinie. Dieu, minimum et maximum, est la Monade suprême d'où s'échappent éternellement une infinité de monades inférieures.

Pierre Bayle, dans son Dictionnaire historique et critique (1695-1697), à l'article "Lucrèce", soutient l'idée que « les plantes, les pierres sont substances pensantes ».

Diderot, dans Le rêve de d'Alembert (1769) admet une sensibilité de la matière. Le monde n'est que matière en mouvement ; la matière est universellement douée de sensibilité, latente ou vive ; elle s'organise elle-même, par les générations spontanées et les mutations.

Schelling, idéaliste, soutient ceci dans des Essais qui ont été regroupés : "Le système de la Nature est en même temps le système de notre Esprit", il y a "identité absolue de l'Esprit en nous et de la Nature en dehors de nous" (Schelling, Essais, trad., Aubier, p. 71, 87).

Schopenhauer dans Le monde comme volonté et comme représentation (1819) soutient que l'homme ou le monde sont habités par une Volonté (Wille), qui n'est pas une valeur rationnelle (Wille), mais une tendance aveugle, impulsive, inconsciente, issue du besoin et du désir. Cette tendance se traduit chez l'homme par la "volonté" et, dans la nature, elle est force causale.

Les théories psychophysiques de Gustav Fechner et Wilhelm Wundt sont panpsychistes.

Fechner, que l'on connaît plus scientifique dans sa psychologie expérimentale, dit dans Nanna ou De la vie sensitive des plantes (1848), dans Zendavesta (1851), dans La question de l'âme (1861), que l'univers est un ensemble d'unités physiques, que différencient leurs degrés de complexité et auquel correspond un ensemble toujours plus englobant d'unités psychiques. Même les unités psychiques humaines, tant individuelles que collectives, sont les éléments constitutifs d'une unité psychique supérieure, celle de la grande Âme de la Terre. Sur l'échelle des organismes, la Terre est une unité supérieure, à laquelle correspond une unité psychique parallèle. Pareillement à la Terre, chaque étoile possède à son tour sa propre conscience, que Fechner identifie à ce qu'étaient les anges dans la tradition théologique.

Le savant indien Jagadish Chandra Bose, à partir de 1900, attribue du psychisme aux plantes et même aux métaux.

Pierre Teilhard de Chardin croit en une progression spiritualisante de la matière. Chez lui, le mot "conscience" désigne toute forme de psychisme, depuis la plus diluée et la plus élémentaire, jusqu'à la plus concentrée, où le mot conscience, au seuil du psychisme humain, est relayé par le terme Conscience réfléchie, ou Réflexion. Teilhard inscrit sa pensée dans l'évolutionnisme. "Je crois que l'Univers est une Évolution. Je crois que l'Évolution va vers l'Esprit. Je crois que l'Esprit s'accomplit en quelque chose d'Universel. Je crois que l'Individuel suprême est le Christ-Universel" (Comment je crois, 1934, publié en 1969).

En 1963, Olivier Costa de Beauregard, dans Le Second Principe de la science du temps, entropie, information, irréversibilité, prenant comme point de départ les théories de l’information, a postulé l’existence d’un “infrapsychisme” coextensif à l'espace quadridimensionnel de Minkowski, infrapsychisme qui contiendrait un savoir ou une information de “survol du Tout”.

En 1966 Cleve Backster , spécialiste en détecteurs de mensonges, "a réalisé des centaines d'expériences montrant que non seulement les plantes vivantes, mais aussi les feuilles coupées ou écrasées, les œufs (fertilisés ou non), le yoghourt, les frottis du palais de la bouche, le sperme, etc. réagissent à nos émotions et intentions. Il découvrit que des leucocytes buccaux (globules blancs provenant de la bouche d'une personne) placés dans une éprouvette répondent électrochimiquement aux états émotionnels du donneur, même lorsque celui-ci se trouve dans une autre pièce, un autre bâtiment, voire, un autre pays". L'expérience a été contestée.

Jean-Émile Charon, théoricien de la Relativité complexe, rappelle que l'onde psi correspond au probabilisme de la mécanique quantique et permet de dire que cette particule possède telle probabilité de se trouver à tel instant en tel point de l'espace. Il admet deux regards, celui de la conscience (onde psi) et celui de la mémoire (onde sigma), pour toute particule. Chaque particule, appelée "éon, essentiellement les électrons et les quarks, posséderait à la fois un dehors porteur de ses caractéristiques physiques, et un dedans contenant ses propriétés spirituelles situé dans un autre espace-temps.

Gregory Bateson, en 1979, est arrivé à la conclusion qu'il n'est pas seulement légitime mais encore logiquement inévitable de supposer qu'il existe des processus mentaux à tous les niveaux des phénomènes naturels présentant une complexité suffisante : cellules, organes, tissus, organismes, groupes animaux et humains, écosystèmes, et même la Terre et l'univers.

David Bohm, physicien en mécanique quantique, suppose que "quelque chose d'analogue à l'esprit existe dans la matière inanimée", donc que "le mental et le matériel sont deux aspects d'une seule et même réalité" (La danse de l'esprit. Unfolding Meaning, 1985, trad., Éditions Séveyrat, 1989).

 

à suivre donc...

10/12/2017

Digérer les découvertes quantiques

La physique quantique existe depuis plus d'un siècle, et aucune expérience ne l'a mise en défaut depuis lors.

Elle a permis la découverte du laser, des transistors et donc de toute l'informatique et du numérique qui imprègnent le monde actuel.

En revanche les principes qui la gouvernent (énoncés par une petite bande de révolutionnaires de la physique, au début du vingtième siècle) ne sont toujours pas passés dans le quotidien.

A moins d'être taoïste, peut-être.

Et pourtant les principes de la physique quantique révolutionnent véritablement à la fois la pensée rationnelle classique (scientifique et logique) et le bon sens populaire.

Un objet y est la superposition de deux états (particule ou onde) mais dès qu'on essaie de savoir lequel, il n'est plus que l'un d'eux et même dans le passé. (expérience des deux fentes avec contrôle après le passage des fentes)

Ce n'est pas l'instrument de mesure qui le perturbe, c'est le fait même de chercher à le mesurer.

La conscience du phénomène transforme son passé immédiat, c'était une onde , on mesure , l'onde se réduit en un corpuscule et du coup transforme son passé d'onde. Waou!

Par l'intrication quantique on peut lier deux particules qui interagissent alors indéfiniment même si on les éloigne et ce plus vite que la vitesse de la lumière.Transmission d'information instantanée.  Oups!

Mystère entre monde quantique et gravité.

Mystère sur le passage du quantique au classique, à partir de combien de particules ?

 

                                                                    ***

 

08/12/2017

Transhumanisme (conférence d'Hervé Juvin)

05/12/2017

Débat sur l'innovation en science...

 

De quoi sont faites les innovations? Faut-il s'affranchir de toute croyance ou au contraire avoir la foi?

Débat. Festival Science Frontières 2000

02/10/2017

Effondrement spirituel?

source

 

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - A l'occasion de la parution de son dernier livre, Miroir du nihilisme, Houellebecq éducateur, Michel Onfray a accordé un entretien fleuve au FigaroVox. Il y décrypte la philosophie de l'auteur de Soumission.

 


Michel Onfray philosophe et essayiste. En septembre, il publie deux livres consacrés à des auteurs qu'il admire: Vivre une vie philosophique: Thoreau le sauvage et Miroir du nihilisme. Houellebecq éducateur.



FIGAROVOX.- Vous publiez aux éditions Galilée, Miroir du nihilisme, un essai consacré à Soumission de Michel Houellebecq. Vous êtes longtemps passé à côté de l'œuvre de ce dernier. Pourquoi son dernier roman vous a-t-il fait changé de point de vue?

Michel ONFRAY.- J'avais aimé la performance littéraire d'Extensiondu domaine de la lutte qui était vif et bref, rapide et percutant. Les autres romans m'avaient paru techniquement moins rapides. J'aime les stylistes et les textes qui vont vite. Voilà pour la forme.

J'avais commis l'erreur de croire que le diagnosticien du nihilisme consentait au nihilisme, s'en réjouissait même, voire, s'y complaisait… C'était une erreur.

Pour le fond, j'avais commis l'erreur de croire que le diagnosticien du nihilisme consentait au nihilisme, s'en réjouissait même, voire, s'y complaisait… C'était une erreur. C'est confondre le cancérologue qui diagnostique la pathologie avec le cancer, la pathologie qu'il a diagnostiquée. J'étais, selon l'image bien connue, l'imbécile qui regarde le doigt quand le sage lui montre la lune!

Soumission m'a plu parce qu'il renoue avec la vitesse d'Extension. Il m'a éloigné du doigt et ramené à la lune quand j'ai constaté chez Michel Houellebecq la grande souffrance qui était la sienne à se savoir, se voir, se constater, s'expérimenter corporellement et spirituellement tel un sismographe de notre époque en cours d'effondrement.

En termes hégéliens, il est le grand homme choisi par l'Histoire pour qu'il en fasse la narration. Il est au cœur nucléaire du processus de Ruse de la raison. Le savoir, ce qui est son cas, car il est d'une redoutable lucidité, c'est affronter les plus grands tourments.

En quoi Houellebecq est-il le romancier du nihilisme?

En tant que sismographe, il enregistre toutes les secousses en rapport avec la tectonique des plaques civilisationnelles: il a diagnostiqué l'effondrement spirituels des générations produites par des parents soixante-huitards, l'écœurement d'une sexualité indexée sur la seule performance, la marchandisation des corps et des âmes, des carrières et des pensées, la contamination de l'art contemporain par le snobisme et le marché, la tyrannie de l'argent en régime libéral, la fin de la France depuis l'abandon de sa souveraineté lors du Traité de Maastricht.

Mais aussi la veulerie du tourisme sexuel en Asie, le caractère inéluctable de l'engagement de nos civilisations occidentales vers le projet transhumaniste, l'effondrement de la religion judéo-chrétienne et des valeurs qui l'accompagnaient, et, avec Soumission, le processus de collaboration des élites avec les idéologies liberticides - ici un islam francisé.

Depuis 1994, Michel Houellebecq dépèce minutieusement le Veau d'or - c'est en cela qu'il est le grand romancier du nihilisme occidental.

Houellebecq s'inscrit volontiers dans la filiation d'Auguste Comte qui était positiviste…

Mais aussi de Schopenhauer - ou de Huysmans. Il n'est pas homme à s'enfermer dans des cases, à aimer l'un, donc pas l'autre, à choisir celui-ci, donc à écarter celui-là… Il est un homme authentiquement libre.

Ce qu'il aime chez Auguste Comte, c'est sa réflexion sur la place de la religion dans la société, sur la possibilité d'une liaison d'un certain type de sacré avec le social. Qui dira qu'il ne s'agit pas d'une question essentielle si l'on veut aujourd'hui penser la question politique?

Le positivisme n'est pas la philosophe un peu bêtasse de Monsieur Homais, mais la pensée mal connue d'un homme qui estimait que la religion sociologique des Hommes pouvait remplacer la religion théologique de Dieu.

La question de la religion est un leitmotiv dans la pensée de Michel Houellebecq: que faire dans un monde vidé de toute transcendance? Lui qui décrit dans le détail le désespoir qu'il y a à vivre dans un monde de pure immanence (ce qui n'est pas mon cas: je crois que la sagesse tragique permet de vivre dans la seule immanence sans désespoir…) , il est normal qu'Auguste Comte lui parle.

Votre livre est sous-titré Houellebecq éducateur. Comment peut-on être à la fois nihiliste et éducateur?

En enseignant la nature tragique du monde, autrement dit, en évitant deux choses: la lecture optimiste du monde et… la lecture pessimiste! L'optimiste voit le meilleur partout et ne veut pas entendre parler du pire ; le pessimiste voit le pire partout et ne veut pas entendre parler du meilleur.

Le tragique quant à lui sait qu'il y a du pire et du meilleur partout… Michel Houellebecq nous enseigne où est le pire, ce qui n'a pas besoin d'être démontré, mais aussi le meilleur.

Le tragique quant à lui sait qu'il y a du pire et du meilleur partout… Michel Houellebecq nous enseigne où est le pire, ce qui n'a pas besoin d'être démontré, mais aussi le meilleur - qui provient chez lui, paradoxalement, de Schopenhauer pour qui il existe des solutions à ce monde sombre dans la pitié et la contemplation esthétique.

N'oublions pas que Schopenhauer a aussi écrit un Art d'être heureux… On connaît sa vision du monde animal, elle est d'une grande compassion. Il y a dans sa conversation en tête à tête la même présence attentive à l'autre. On n'ignore pas non plus qu'il trouve dans l'art un sens à sa vie: il a produit des romans, des essais, des poèmes, des films, des photographies, des performances d'art contemporain…

En tant qu'il dit le monde tel qu'il est, sans faux-semblants, et qu'il vit une vie poétique sans l'imposer ou la conseiller à qui que ce soit, il invite chacun à construire sa propre existence dans un temps de détresse.

Beaucoup ont vu dans ‘Soumission' une critique de l'islam radical. Vous y voyez plutôt un grand roman de la collaboration. Qui sont les «collabos» d'aujourd'hui?

Les «collabos» sont ceux qui estiment que l'Islam est une religion de paix, de tolérance et d'amour et ne veulent pas entendre parler d'un Islam de guerre, d'intolérance et de haine.

Ceux qui estiment que l'Islam est une religion de paix, de tolérance et d'amour et ne veulent pas entendre parler d'un Islam de guerre, d'intolérance et de haine.

Certes, il existe un islam pratiqué par des gens qui voient en cette religion une coutume familiale ou un signe d'appartenance dans laquelle dominent effectivement la tolérance, la paix et l'amour.

Mais il y a aussi, dans le Coran et dans l'histoire de l'islam, terrorismes inclus, une autre voie qui est celle de la misogynie, de la phallocratie, de l'homophobie, de l'antisémitisme, du bellicisme, de la guerre qui constituent des valeurs à exporter par le djihad guerrier.

Le collaborateur ne veut voir que le premier islam en estimant que le second n'a rien à voir avec l'islam. Le Coran est un livre dont les sourates justifient aussi bien le premier que le second islam.

Concrètement, ces collaborateurs sont les islamo-gauchistes qu'on trouve ici ou là au NPA, dans la France

Ce sont les islamo-gauchistes qu'on trouve ici ou là au NPA, dans la France Insoumise, dans l'aile gauche du PS, au PCF, ou à EELV. Il y en a également dans l'aile gauche des Républicains.

Insoumise, dans l'aile gauche du PS, au PCF, ou à EELV. Il y en a également dans l'aile gauche des Républicains - chez les juppéistes par exemple.

C'est aussi une critique acerbe du monde universitaire. Un monde avec lequel vous avez toujours pris vos distances …

Michel Houellebecq se contente de décrire cette institution qui fonctionne à la cooptation, au piston, donc au phénomène de cour ; avec retard, elle suit les modes qu'elle ne crée jamais ; elle se prétend du côté de la science alors qu'elle est le lieu de l'idéologie ; elle est un lieu de rituels d'écriture scrupuleux et de reproduction institutionnelle - comme l'a bien vu Bourdieu ; elle dit être un lieu de recherche mais on y cherche ceux qui y trouveraient -précisons que je parle des seuls secteurs littéraires, sociologiques, philosophiques…

C'est pour ma part un monde contre lequel je n'ai rien puisque j'ai refusé de l'intégrer après ma soutenance alors que ma directrice de thèse me proposait d'y faire carrière et que j'ai préféré rester professeur de philosophie dans un lycée technique.

Mais, en effet, l'Université est une institution et, en tant que telle, elle est un lieu où la liberté, l'autonomie et l'indépendance soufflent peu! Ni Montaigne ni La Boétie, ni Descartes ni Voltaire, ni Nietzche ni Proudhon, ni Alain ni Camus n'ont eu besoin de l'université pour penser - et leurs pensées furent vraiment libres…

Presque aussi intéressant que le livre lui-même a été son accueil au moment même où la réalité rejoignait la fiction avec les attentats de janvier 2015. Comment analysez-vous son rejet par une partie des médias?

J'ai repris le dossier de presse de l'accueil de ce livre pour essayer de voir comment on avait lynché l'homme sans avoir lu l'œuvre pour ne pas avoir à la lire et à la commenter - parce qu'elle mettait le doigt dans la plaie…

Il est intéressant de constater combien les instruments et les personnes de la pensée dominante dans les médias de l'islamo-gauchisme ont sali Michel Houellebecq afin de discréditer l'œuvre.

Il est intéressant de constater combien les instruments et les personnes de la pensée dominante dans les médias de l'islamo-gauchisme ont sali l'homme Michel Houellebecq en lançant une polémique comme ils savent le faire pour souiller l'homme afin de discréditer l'œuvre.

Il est également intéressant de mettre en perspective ceux qui ont écrit ou parlé en faveur de Mehdi Meklat (blogueur islamophile, antisémite, phallocrate, misogyne, antisémite, belliciste ) dans Libération , Le Monde , Les Inrockuptibles ou France-Inter et de rappeler ce que les mêmes ont écrit contre Houellebecq.

Ce travail a été riche d'enseignements pour moi sur le fonctionnement du dispositif collaborationniste français… Je vous renvoie au détail de l'analyse (noms, lieux, citations, analyse de tweets, etc) dans mon livre…

C'est aussi un livre sur la perte de sens dans notre civilisation occidentale. Le christianisme et l'idéologie totalitaires ont laissé la place à la religion du marché et à l'islam conquérant. En tant qu'athée et matérialiste, que cela vous inspire-t-il? Pourquoi la raison a-t-elle échoué à être le ciment d'une nouvelle civilisation?

L'Histoire témoigne qu'il n'y eut pas de civilisation construite sur l'athéisme et le matérialisme qui , l'un et l'autre, sont des signes, voire des symptômes, de la décomposition d'une civilisation.

Une civilisation n'est possible qu'avec une spiritualité qui la soutient et qui, elle-même, découle d'une religion. Depuis que le monde est monde, c'est ainsi. L'Histoire témoigne.

Elle témoigne également qu'il n'y eut pas de civilisation construite sur l'athéisme et le matérialisme qui , l'un et l'autre, sont des signes, voire des symptômes, de la décomposition d'une civilisation - je le sais au premier chef puisque je suis athée et matérialiste… On ne lie pas les hommes sans le secours du sacré.

J'en profite pour m'opposer à cette scie musicale chantée par un certain nombre de philosophes pour lesquels la religion serait ce qui relierait les hommes entre eux - sur le principe du religare, relier… C'est une vision étroite de… matérialiste, voire… d'athée!

Car, si la religion relie bien, elle ne relie pas les hommes entre eux, sur le terrain de l'immanence, mais avec le sacré, sur le terrain de la transcendance. Elle n'est pas un lien des hommes entre eux, mais des hommes avec ce qui les dépasse. Or nous sommes dans une civilisation qui a congédié toute transcendance.

Vous publiez également, Thoreau le sauvage, un livre sur Henry-David Thoreau. Qui était ce «penseur de

champs»?

C'est un homme qui montre qu'il existe une philosophie américaine loin de la philosophie européenne - et qui, ostensiblement, lui tourne le dos… L'Europe philosophique aime les Idées éthérées et les Concepts purs, elle chérit plus que tout le beau raisonnement même s'il est faux, elle aime les cathédrales utopiques même si elles sont inhabitables.

Thoreau se moque des concepts et des idées, des beaux raisonnements et des cathédrales utopiques: il veut que la philosophie soit l'art de parvenir à une sagesse qui est connaissance de la nature et invitation à y trouver sa place.

Thoreau est un marcheur, un herboriste, un géologue, un nageur, un chasseur, un pécheur, un jardinier qui mène une vie philosophique. Il n'imagine pas une seule seconde une idée découplée de ce qu'elle doit produire: une action concrète, un comportement, une pratique. C'est un penseur existentiel comme je les aime…

Sa philosophie ne peut-elle être une alternative au nihilisme que vous décrivez?

C'est une solution, oui. Pas forcément la seule.

Il faudrait ajouter que ce sympathique naturaliste invitant à se plier aux lois du cosmos pour y trouver une place qui génère la sérénité fut également le militant engagé contre l'esclavagisme et qu'on lui doit un fameux De la désobéissance civile qui, certes, a inspiré Tolstoï, Gandhi, Martin Luther King, et qui connaît un succès formidable dans l'Amérique trumpienne, mais qui a également dit qu'il fallait prendre les armes pour faire triompher les idées auxquelles on croit - comme l'abolition de l'esclavage.

C'est donc un penseur plus complexe que ce qu'en disent les habituelles cartes postales sur son compte…

Vous vous décrivez comme un tragique qui observe le bateau couler. Pourtant vous consacrez une énergie prodigieuse à transmettre à travers vos nombreuses publications, votre télé ou encore l'Université populaire de Caen. Cela ne témoigne-t-il pas finalement d'une certaine foi en l'avenir malgré tout?

Certes, nous allons mourir, notre civilisation aussi, mais, en attendant, « vivons droit » comme disait Marc-Aurèle.Il n'y a aucune raison pour s'avachir !

Vous avez raison de pointer cette apparente contradiction!

Mais, de la même manière qu'une civilisation obéit à son tropisme, j'obéis au mien qui me conduit à faire ce que je ne peux pas ne pas faire: autrement dit: rendre ce que j'ai restitué quand mon vieux maître Lucien Jerphagnon me faisait découvrir à dix-sept ans que la philosophie antique, Lucrèce en particulier, peut sauver celui qui cherche un sens à sa vie sans avoir besoin du sacré, de la transcendance, du divin ou de Dieu.

Nietzsche fait du terme médical d'idiosyncrasie une idée philosophique majeure: elle lui permet de dire que chacun obéit à un tempérament contre lequel il ne peut pas lutter et que la grande liberté c'est d'accepter, voire de vouloir et d'aimer, ce qu'on ne peut éviter. Nietzsche propose une version moderne du stoïcisme - j'y souscris.

Certes, nous allons mourir, notre civilisation aussi, mais, en attendant, «vivons droit» comme disait Marc-Aurèle… Donc vous ne trouverez pas chez moi une foi en l'avenir mais un pari dans le présent: il n'y a aucune raison pour s'avachir!

Comme Houellebecq êtes-vous «un éducateur»?

Je fais ma part…

06/09/2017

Le temps n'existe toujours pas...

Article tiré de Kaizen-magazine

Le temps n’existe pas (en tout cas, pas tel qu’on l’a appris !)

Changez de regard sur le temps, avec cette BD philosophique inspirée d’une conférence du physicien Philippe Guillemant. Et n’oubliez pas d’écouter votre GPS naturel !

Ceci est un extrait de l’ouvrage Friandises philosophiques (publié aux éditions PourPenser).

Le temps n'existe pas

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