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29/01/2014

Métaphores, métonymies.

Figures de style relevant de deux visions des choses très différentes ( cerveau gauche vs cerveau droit, ou esprit scientifique vs esprit artistique, voire homme de raison vs homme de foi)

 

Dans une vision déductive et logique, on a :

-la métonymie : qui permet de remplacer un terme par un autre ayant un rapport logique ou déductif avec le premier.

On peut substituer l'objet et celui qui l'utilise ("premier violon" "sacrée fourchette" "bon fusil" "as du volant"),l'objet et son contenu ("j'ai bu toute la bouteille" "tout le stade s'est levé","tête bien remplie"),la matière pour l'objet ("croiser le fer" "nettoyer les cuivres" "mettre une petite laine")  l'artiste à son oeuvre ("un Picasso"), une partie pour le tout (voile pour bateau, tête pour bétail), ou un lieu pour ce qu'il représente (l'Elysée, Matignon, Bercy, la Maison blanche,10 Downing Street).

 métonymie sur wikipédia

 

Dans une vision poétique et imaginaire, on a:

 -la métaphore : qui permet de remplacer un terme par un autre n'ayant qu'un rapport d'analogie avec le premier (dite alors métaphore directe avec le comparant seul sans le terme comparé ce qui rend l'explicitation plus difficile).

ex: "un lion" pour un homme fort, "la fleur de l'âge" pour la jeunesse, "une tigresse" pour une femme passionnée et agressive,

le contexte aide généralement à trouver le mot remplacé quand il n'est pas présent et peu évident, par ex: "Ce toit tranquille où marche des colombes", pour la mer et les bateaux (dans Le cimetière marin de P. Valéry )

une variante plus simple (dite métaphore annoncée avec comparé et comparant) permet de comparer deux termes sur ce mode ( "la nature est un temple..." "cheveux blonds comme des blés murs", "tes yeux tels deux lacs", etc.)

L'allégorie est un cas particulier de métaphore, développée (particulièrement en littérature romantique, sculpture et peinture).

 File:Walter Crane 001.jpg

 Les chevaux de Neptune, illustration de Walter Crane, 1893  (La marée tels des chevaux au galop...)

10/06/2012

Espèce d'anacoluthe ! (2ième édition)

Anacoluuuuuuuuuuuthe!!!

Ce n'est pas seulement une injure du Capitaine Haddock,

anacoluthe.jpg
 ni non plus une héroïne de série télévisée autrichienne,
une anacoluthe (étymologie, du grec anacoluthon:  "absence de suite") 
est une figure de style assez pointue.
 
Sous la plume d'un inconnu elle peut-être perçue comme une faute involontaire,
mais sous celle d'un écrivain, elle apparait comme
une transformation, au milieu de la phrase,
de la construction grammaticale que le début de la phrase laissait attendre.
Rupture ou discontinuité de sens, d'objet ou de sujet dans la construction de la phrase.
(Généralement les sujets des deux propositions diffèrent).
 

" Exilé sur le sol au milieu des huées /
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher "

(Baudelaire, « L'Albatros » dans Les Fleurs du Mal)

Son but est alors de renforcer l'énoncé et de le mettre en valeur en créant un effet de surprise.

Autres exemples:

" Vous voulez que ce Dieu vous comble de bienfaits
   Et ne l'aimer jamais ? "
(Racine, Athalie, I, 4.)


                                                          ***

 Mais le monde des ruptures syntaxiques s'avère beaucoup plus riche et précis que cela,

parmi les diverses anacoluthes existantes, on trouve en effet quelques figures de style au nom à coucher dehors...

 

  •  Le zeugma (rupture de la symétrie syntaxique):
    le verbe y régit à la fois un complément d'objet et une subordonnée:

" Ah ! savez-vous le crime et qui vous a trahie ? "
    (Racine, Iphigénie)

ou bien il régit une proposition infinitive et une conjonctive:

"Il lui a ordonné de se taire et qu'il lève haut les mains."

(C'est une construction stylistique qui, peu à peu, est passée dans le langage courant.)

 

  •  La tmèse (qui intercale un mot ou une expression, souvent des adverbes, entre deux autres habituellement liés. C'est une variante de l'hyperbate.)

1/disjonction syntaxique : 
" Les hommes parlent de manière, sur ce qui les regarde, qu'ils n'avouent d'eux-mêmes que de petits défauts. "
    (La Bruyère)

 "Telles,immenses, que chacune Ordinairement/ se para D'un lucide contour..."
    (Mallarmé)

2/disjonction sémantique :
" des pommes bien vieilles de terre "

 

  • Le solécisme
    L'exemple classique encore en usage de faute syntaxique dans la correspondance administrative
    (le sujet sous-entendu de la circonstancielle et le sujet de la principale sont différents)
    " Dans l'attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur l'assurance de mes sentiments les meilleurs… "

" Il s’est vu décerner le premier prix. "
(Bien sur, le plus souvent, il ne s'est pas vu en train décerner ce prix, mais en train de le recevoir.
C'est le contexte qui permet de comprendre le sens réel.)

 

  • L’anastrophe
    ( renversement de l'ordre habituel des termes d'une expression ou d'une phrase )

" Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé. "
    (Blaise Pascal, Pensées)

(Ce procédé met l'esprit en attente...)

"D'amour vos beaux yeux, Marquis,mourir me font.
      (Molière)

" Toutes les dignités que tu m'as demandées,
Je te les ai sur l'heure et sans peine accordées. "

    ( Corneille, Cinna)

"Jamais cela ne surviendra"

avec notamment les inversions grammaticales "sujet-verbe" , "sujet-complément" ou "verbe-complément".


« Il viendra quand viendront les dernières ténèbres. »
    (Victor Hugo)

 

  • L'anantapodoton
    ( consistant à omettre l'un des termes d'une expression alternative dans une phrase.)
    " Pour les uns, c'est un grand homme, mais ça se discute. "
    ("pour les autres", attendu, ne vient pas)

"On trouve des erreurs dans ce document. D'autre part, certains mots sont illisibles. "
(id pour "D'une part")

 

  • L'hyperbate  (L'hyperbate consiste à ajouter un mot ou un ensemble de mots ainsi mis en évidence à une phrase qui paraît finie )

    "Quelle, et si fine, et si mortelle,
    Que soit ta pointe, blonde abeille
    (Paul Valéry, Charmes.)

          « Albe le veut, et Rome; il leur faut obéir »(Pierre Corneille, Horace, II, 6)

L'hyperbate est souvent une forme de mise en relief de mots, rejetés en fin de phrase.

               
          " Le ciel est, par-dessus le toit,
          Si bleu, si calme !"
               (Paul Verlaine, Sagesse.)

          « Quelques braves gens mourraient, dont c'était le métier »
               (Marguerite Yourcenar, L'œuvre au noir)

 

        *  faux zeugma   (source Wikipédia)

Il existe un genre populaire de construction parodique à simple prétention humoristique, où l’alliance est artificielle et le comique issu de l’irrésolution du zeugma qui tient du coq-à-l’âne.


        « Il parlait en anglais et en gesticulant »

        dans cette phrase, le verbe principal ne régit pas directement « en gesticulant » qui est un   gérondif indépendant. L’alliance est forcée autour de la préposition « en », par une simple symétrie syntaxique, aux fins d’humour.

« J’ai traversé la France et une crise de désespoir ».

        On ne peut trouver, même de loin, un lien logique entre un parcours terrestre et une crise morale. Ce qui crée la surprise drôlatique.

Dans la culture contemporaine, Pierre Desproges inventa des exemples de faux-zeugmas dans son Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis. Entre autres, « Prenant son courage à deux mains et sa winchester dans l'autre, John Kennedy se tira une balle dans la bouche ». Il les fabriquait en série : « Après avoir sauté sa belle-sœur et le repas du midi, le Petit Prince reprit enfin ses esprits et une banane »

 

NB: Note déja postée en Mars 2009 à l'exception de l'hyperbate et  du faux-zeugma.