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13/02/2014

Novlangue

 
Le mot, masculin, novlangue est la traduction française d'Amélie Audiberti pour le mot anglais Newspeak inventé par George Orwell dans son roman 1984 (publié en 1949). Il désigne la langue officielle d’Océania, pays fictif où se déroule ce roman.

Ce langage a pour but de favoriser la parole officielle et d'empêcher l'expression de pensées critiques ou décalées.

Syme, responsable du dictionnaire dans ce roman :

"—Nous détruisons chaque jour des mots, des vingtaines de mots, des centaines de mots. Nous taillons le langage jusqu’à l’os."

"— Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? À la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n’y aura plus de mots pour l’exprimer. "

 

                        

Une des techniques consiste à supprimer toutes les nuances de la langue pour ne conserver que des concepts manichéens afin d' éliminer toute réflexion élaborée.

Si tu n'es pas pour, tu es contre, il n'y a pas de milieu.

Ce type de simplification binaire permet de favoriser les raisonnements émotionnels, et d'éliminer tout débat argumenté, toute discussion dépassionnée.

Or une mauvaise maîtrise de la langue rend les gens manipulables puisque la pensée dépend des mots dont on dispose.   

 Dit avec humour:

               

  

                                                                ***


Hors du contexte de ce roman, le mot novlangue est, depuis, passé dans l'usage courant (au féminin, par analogie avec "la" langue) et il désigne péjorativement tout langage destiné à déformer ou à distordre une réalité.

En ce sens on peut le rapprocher de la langue de bois  qui en usant d'amalgames, de flou artistique et de lieux communs tend à endormir l'assistance, à dissimuler une impuissance ou à éviter certains sujets.

Les deux s'opposent au langage de vérité et participent aux discours des idéologies dominantes.

Ce fut le cas dans la Russie soviètique, ou dans n'importe quelle dictature mais c'est encore le cas dans notre monde libéral "démocratique".

La novlangue s'illustre particulièrement de nos jours en écoutant ou en lisant les représentants des gouvernements en place et leurs relais (notamment les principaux médias alignés).

 

 Voir ci-dessous quelques exemples réels du langage gouvernemental actuel:


La novlangue utilise divers procédés et techniques pour empêcher ou altèrer  tout vrai débat critique et diaboliser les opposants:

-Inversion ou perversion du sens de mots qui peuvent signifier le contraire de ce qu’ils exprimaient auparavant (ex: gauche pour droite, citoyen pour consommateur, sécurité pour répression, réforme pour déconstruction, terroriste pour résistant, libération pour annexion, etc.)

-Eléments de langage  et marqueurs répétitifs que martèle l’idéologie dominante (valeurs de la république, débat démocratique, laïcité, associations multiculturelles, économie de marché, égalité des droits, mesures de sécurité, droit de l'homme, justice, etc.)

-Anathèmes qui visent à disqualifier les adversaires du système, à les exclure du jeu et à les rejeter à l'extérieur sans discussion possible ( terroriste, complotiste, antisémite, fachiste, raciste, islamiste, propos nauséabond, secte, etc.)     On est pas très loin de l'excommunication, ou de la mise au ban.

-Amalgames ("entre musulmans et islamistes", "entre délinquance et maladie mentale" "entre antisionistes et antisémites" "entre chomeurs et fainéants") ou mensonges cyniques ("armes de destruction massives en Irak" , "la quenelle est un salut nazi inversé" )

mais elle évite aussi

-certains mots tabous ou presque autour de concepts non orthodoxes que l’idéologie dominante s’efforce de supprimer  (exploitation, riches, pauvres, catholiques, classe ouvrière, nation, frontières, patrie, occupation, colonisation, noirs, juifs, arabes, capitalisme, indépendance, dissidence)

 

Un article de Michel Ruch sur la novlangue