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26/04/2020

Corruption de la médecine par les laboratoires


Interview du Pr Jean Roudier par Laurent Mucchielli.

Extraits:

"Depuis une trentaine d’années, l’industrie pharmaceutique a infiltré le milieu des médecins universitaires en leur faisant réaliser des essais de médicaments.
Les essais de médicaments, conçus et structurés par l’industrie, ont pour but de démontrer l’efficacité d’un médicament dans le traitement d’une maladie, pour obtenir ensuite sa mise sur le marché. Ces essais sont nécessaires, mais ne représentent qu’une toute petite partie de la recherche médicale."

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"Les médecins qui participent aux essais sont des exécutants rémunérés. Ils suivent un protocole rigide, conçu par l’industriel qui finance l’essai et qui paye (habituellement dans un créneau de 1 000 à 3 000 euros par patient inclus) le médecin qui inclut des patients dans l’essai. Les médecins qui participent aux essais sont des exécutants rémunérés. Ils suivent un protocole rigide, conçu par l’industriel qui finance l’essai et qui paye (habituellement dans un créneau de 1 000 à 3 000 euros par patient inclus) le médecin qui inclut des patients dans l’essai. Dans cet accord, le laboratoire pharmaceutique et le médecin investigateur sont bénéficiaires, le premier de la démonstration de l’efficacité du médicament, le second d’une somme d’argent conséquente et du soutien du laboratoire pour sa carrière.
Le patient est le dindon de la farce, car son inclusion dans un protocole standardisé d’essai médicamenteux le prive d’un suivi personnalisé.

Malgré tout, de nombreux Professeurs de médecine ne réalisent que des essais de médicaments et se considèrent comme de grands chercheurs. Ces « essayistes » profitent de la grande efficacité de l’industrie pharmaceutique à promouvoir ses hommes. "


"Le conflit actuel n’est pas le refus par des médecins de la méthodologie des essais thérapeutiques, mais le refus par des médecins scientifiques de laisser les méthodologistes envahir tout l’espace de la médecine et de la recherche médicale.

Si on les laisse faire, il n’y aura plus de recherche médicale, juste des essais médicamenteux poussés par l’industrie. Il n’y aura plus de patients individuels, juste des participants anonymes dans des protocoles randomisés."

"Au fil des années, j’ai vu l’industrie pharmaceutique prendre, avec beaucoup de finesse, le contrôle de la médecine universitaire. Elle a fait la carrière de jeunes médecins en les faisant parler dans les congrès qu’elle finance, en les faisant publier, en les faisant connaître. Elle a réussi à remplacer les médecins chercheurs par des médecins « essayistes » et fiers de l’être ! Ces « essayistes » arrivent, avec le temps, à représenter leur spécialité et à passer pour des interlocuteurs compétents, des « Experts ». En réalité, ce sont des « Key Opinion Leaders », le terme utilisé par l’industrie pour désigner ses influenceurs.

Derrière le conflit de style entre Didier Raoult et les « Experts » (Superdupont déplaît à la Cour), il y a bien un conflit de fond entre deux conceptions de la recherche médicale, celle des chercheurs qui posent des questions et tentent d’y répondre et celle des « essayistes ». Ce n’est pas un conflit médecin contre chercheurs, mais plutôt médecin chercheur fondamentaliste contre médecins chercheurs… de capitaux."

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