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28/04/2018

“les médiocres ont pris le pouvoir”

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Né en 1970, Alain Deneault est canadien francophone.Il a écrit en 2008 Noir Canada : pillage, corruption et criminalité en Afrique.Et en 2015 La Médiocratie.
 
Entretien publié dans Télérama Idées en 2015 et mis a jour en 2018...
 
Sous le règne de la médiocratie, la moyenne devient une norme, le compromis domine : idées et hommes deviennent interchangeables. Il faut résister à la révolution anesthésiante, alerte le philosophe Alain Deneault.

C'est d'une « révolution anesthésiante » qu'il s'agit. Celle qui nous invite à nous situer toujours au centre, à penser mou, à mettre nos convictions dans notre poche de manière à devenir des êtres interchangeables, faciles à ranger dans des cases. Surtout ne rien déranger, surtout ne rien inventer qui pourrait remettre en cause l'ordre économique et social.

« Il n'y a eu aucune prise de la Bastille, rien de comparable à l'incendie du Reichstag, et l'Aurore n'a encore tiré aucun coup de feu, écrit le philosophe Alain Deneault qui enseigne la pensée critique en science politique à l'Université de Montréal. Pourtant, l'assaut a bel et bien été lancé et couronné de succès : les médiocres ont pris le pouvoir. » Explications.

 

Qu'entendez-vous par « médiocratie » ?

En français, il n'existe pas d'autre mot que celui de « médiocrité » pour désigner ce qui est « moyen ». « Supériorité » renvoie à ce qui est supérieur, « infériorité » à ce qui est inférieur, mais « moyenneté » ne se dit pas. Il y a pourtant une distinction sémantique entre la moyenne et la médiocrité, car la moyenne relève le plus souvent d'une abstraction : revenu moyen, compétence moyenne, c'est-à-dire une place au milieu d'une échelle de valeurs. La médiocrité, en revanche, est la moyenne en acte.

La médiocratie désigne ainsi un régime où la moyenne devient une norme impérieuse qu'il s'agit d'incarner. C'est l'ordre médiocre érigé en modèle. Il ne s'agit donc pas pour moi de stigmatiser qui que ce soit, mais plutôt de comprendre la nature de cette injonction à être médiocre qui pèse aujourd'hui sur des gens qui ne sont pas forcément enclins à l'être.

Quelle est cette injonction ? D'où vient-elle ?

La médiocratie vient d'abord de la division et de l'industrialisation du travail qui ont transformé les métiers en emplois. Marx l'a décrit dès 1849. En réduisant le travail à une force puis à un coût, le capitalisme l'a dévitalisé, le taylorisme en a poussé la standardisation jusqu'à ses dernières logiques. Les métiers se sont ainsi progressivement perdus, le travail est devenu une prestation moyenne désincarnée.

Aux yeux d'un grand nombre de salariés, qui passent de manière indifférente d'un travail à un autre, celui-ci se réduit à un moyen de subsistance. Prestation moyenne, résultat moyen, l'objectif est de rendre les gens interchangeables au sein de grands ensembles de production qui échappent à la conscience d'à peu près tout le monde, à l'exception de ceux qui en sont les architectes et les bénéficiaires.

A l'origine de la médiocratie, vous insistez également sur la montée en puissance de la « gouvernance »…

C'est le versant politique de la genèse de la médiocratie. D'apparence inoffensive, le terme de gouvernance a été introduit par Margaret Thatcher et ses collaborateurs dans les années 80. Sous couvert de saine gestion des institutions publiques, il s'agissait d'appliquer à l'Etat les méthodes de gestion des entreprises privées supposées plus efficaces.

La gouvernance, qui depuis a fait florès, est une forme de gestion néolibérale de l'Etat caractérisée par la déréglementation et la privatisation des services publics et l'adaptation des institutions aux besoins des entreprises. De la politique, nous sommes ainsi passés à la gouvernance que l'on tend à confondre avec la démocratie alors qu'elle en est l'opposé.

Dans un régime de gouvernance, l'action politique est réduite à la gestion, à ce que les manuels de management appellent le « problem solving » : la recherche d'une solution immédiate à un problème immédiat, ce qui exclut toute réflexion de long terme, fondée sur des principes, toute vision politique du monde publiquement débattue. Dans le régime de la gouvernance, nous sommes invités à devenir des petits partenaires obéissants, incarnant à l'identique une vision moyenne du monde, dans une perspective unique, celle du libéralisme.

Etre médiocre, ce n'est donc pas être incompétent ?

Non. Le système encourage l'ascension des acteurs moyennement compétents au détriment des super compétents ou des parfaits incompétents. Ces derniers parce qu'ils ne font pas l'affaire et les premiers parce qu'ils risquent de remettre en cause le système et ses conventions. Le médiocre doit avoir une connaissance utile qui n'enseigne toutefois pas à remettre en cause ses fondements idéologiques. L'esprit critique est ainsi redouté car il s'exerce à tout moment envers toute chose, il est ouvert au doute, toujours soumis à sa propre exigence. Le médiocre doit « jouer le jeu ».

Que voulez-vous dire ?

« Jouer le jeu » est une expression pauvre qui contient deux fois le même mot relié par un article, c'est dire son caractère tautologique. C'est une expression souriante, d'apparence banale et même ludique. Jouer le jeu veut pourtant dire accepter des pratiques officieuses qui servent des intérêts à courte vue, se soumettre à des règles en détournant les yeux du non-dit, de l'impensé qui les sous-tendent. Jouer le jeu, c'est accepter de ne pas citer tel nom dans tel rapport, faire abstraction de ceci, ne pas mentionner cela, permettre à l'arbitraire de prendre le dessus. Au bout du compte, jouer le jeu consiste, à force de tricher, à générer des institutions corrompues.

La corruption arrive ainsi à son terme lorsque les acteurs ne savent même plus qu'ils sont corrompus. Quand des sociétés pharmaceutiques s'assurent que l'on guérisse à grands frais des cancers de la prostate pourtant voués à ne se développer de manière alarmante que le jour où ceux qui en sont atteints auront 130 ans. Quand l'université forme des étudiants pour en faire non pas des esprits autonomes mais des experts prêts à être instrumentalisés.

Le recteur de l'Université de Montréal l'a affirmé sur le ton de l'évidence à l'automne 2011 : « Les cerveaux doivent correspondre aux besoins des entreprises. » Des entreprises qui justement siègent au conseil d'administration de l'université, même si celle-ci demeure largement financée par l'Etat. Le recteur de notre principale université francophone rejoignait ainsi, presque mot pour mot, les propos de Patrick Le Lay, alors PDG de TF1, affirmant en 2004 que sa chaîne vendait « du temps de cerveau disponible » à Coca-Cola.

Jouer le jeu, c'est aussi, où que l'on soit, adopter le langage de l'entreprise privée…

Dans l'ordre de la gouvernance, le service public disparaît et sa terminologie avec. Le patient d'un hôpital, l'usager du train ou du métro, le spectateur d'une salle de concert, l'abonné d'un musée, tous deviennent des « clients ». A la radio d'Etat, au Québec, un journaliste culturel m'a récemment demandé si j'étais « consommateur de théâtre ». Et la bibliothèque nationale, quand je suis en retard pour rendre les livres que j'ai empruntés, m'envoie un courriel qui commence par « Cher client ». Ces mots ne sont pas anodins. Ils sont révélateurs. Ils en disent long sur la révolution anesthésiante que nous vivons aujourd'hui.

Vous placez l'expert au centre de la médiocratie. Pourquoi ?

L'expert est souvent médiocre, au sens où je l'ai défini. Il n'est pas incompétent, mais il formate sa pensée en fonction des intérêts de ceux qui l'emploient. Il fournit les données pratiques ou théoriques dont ont besoin ceux qui le rétribuent pour se légitimer. Pour le pouvoir, il est l'être moyen par lequel imposer son ordre.

L'expert s'enferme ainsi dans les paramètres souhaités par telle entreprise, telle industrie, tel intérêt privé. Il ne citera pas Coca-Cola dans une étude sur l'obésité parce que la marque a financé l'étude. Il affirmera que les variations climatiques ne sont pas liées à l'activité industrielle parce que Exxon Mobil subventionne ses recherches. Il nous faudrait un nouveau Molière pour faire subir aux experts le sort que l'auteur du Malade imaginaire a réservé aux médecins de son temps.

La médiocratie ne pousse-t-elle pas aussi à l'affadissement du discours politique ?

Sans surprise, c'est le milieu, le centre, le moyen qui dominent la pensée politique. Les différences entre les discours des uns et des autres sont minimes, les symboles plus que les fondements divergent, dans une apparence de discorde. Les « mesures équilibrées », « juste milieu », ou « compromis » sont érigées en notions fétiches. C'est l'ordre politique de l'extrême centre dont la position correspond moins à un point sur l'axe gauche-droite qu'à la disparition de cet axe au profit d'une seule approche et d'une seule logique.

Dans ce contexte médiocre, règne la combine. Les gouvernants se font élire sur une ligne politique et en appliquent une autre une fois élus, les électeurs profitent des municipales pour protester contre la politique nationale, votent Front national pour exprimer leur colère, les médias favorisent ces dérapages en ne s'intéressant qu'aux stratégies des acteurs. Aucune vision d'avenir, tout le jeu politique est à courte vue, dans le bricolage permanent.

Comment résister à la médiocratie ?

Résister d'abord au buffet auquel on vous invite, aux petites tentations par lesquelles vous allez entrer dans le jeu. Dire non. Non, je n'occuperai pas cette fonction, non, je n'accepterai pas cette promotion, je renonce à cet avantage ou à cette reconnaissance, parce qu'elle est empoisonnée. Résister, en ce sens, est une ascèse, ce n'est pas facile.

Revenir à la culture et aux références intellectuelles est également une nécessité. Si on se remet à lire, à penser, à affirmer la valeur de concepts aujourd'hui balayés comme s'ils étaient insignifiants, si on réinjecte du sens là où il n'y en a plus, quitte à être marginal, on avance politiquement. Ce n'est pas un hasard si le langage lui même est aujourd'hui attaqué. Rétablissons-le.

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27/04/2018

Très Optimiste, Caro...

Galactéros Caroline

Iran, Syrie, Ukraine… et si Paris jouait gagnant ?

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Et si le pire n'était pas sûr ? Et si, pendant que se donne la mascarade dangereuse d'un monde sorti de ses gonds et pris de vertige belliqueux, pendant que l'on assiste dépités à la mise en scène infantile d'un mauvais scénario (accord sur le nucléaire iranien mis en danger, braises de guerre savamment ranimées en Syrie, Ukraine menaçant de s'embraser de nouveau), on était en fait à la veille d'un chef-d'œuvre… de production française ? Et si les frappes en Syrie n'étaient qu'une très dommageable farce tragi-comique et que, tandis que tout le monde a le nez en l'air, comme dans un festival mondial des cerfs-volants, l'essentiel se jouait en coulisses ?

L'essentiel ? En matière de diplomatie, c'est le cœur, généralement secret et invisible, d'un projet audacieux. Cela requiert une vision, une ambition, une opportunité, un « alignement des planètes », une approche intégrative, du tempérament, de l'entregent, du sang-froid et d'autres choses encore, mais surtout une « idée de manœuvre » générale… Celle-là pourrait s'apparenter à une triangulation géniale. Et si le génie l'emportait, alors, la France, sa crédibilité, sa voix, son aura et une part de son avenir sur la carte du monde seraient sauvées. Bref, un coup de maître. Qui ferait paraître bien ridicules et anachroniques les combats d'arrière-garde de nos statutaires domestiques enfiévrés…

 

Évidemment, les positions de chacun des acteurs de cette pièce d'auteur, toujours à la merci d'un happening violent, ne sont pas aussi radicales que je les présente ici. Il y a des nuances, des ambivalences dans leur jeu, et l'on peut trouver moult faits et paroles qui semblent contredire ce tableau brossé à grands traits. Néanmoins, le « Kairos à l'envers » est bien là, sous nos yeux. C'est parce que tout va mal que c'est le moment d'agir pour un mieux.

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Caroline

24/04/2018

Neurones à l'âge adulte ?

Une étude californienne vient contredire vingt ans de travaux en neurosciences. Non, le cerveau adulte ne produirait pas de nouveaux neurones. 

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Les jeunes neurones (en vert) du cerveau humain décroissent dans l'hippocampe tout au long de la vie, tandis qu'augmentent les neurones matures (en rouge).

 

Source: Science et avenir
Par Elena Sender le 9 3 2018

NEUROLOGIE. Coup de bambou sur notre cerveau. Alors que l'on pensait que l'on fabriquait de nouveaux neurones jusqu'à la mort, une étude de l'Université de Californie de San Francisco (USCF), aux États-Unis, tend à démontrer le contraire ! Menée par l'équipe d'Arturo Alvarez Buylla, professeur au département de chirurgie neurologique de l'UCSF, et publiée dans Nature, l'étude montre qu'en étudiant des tissus cérébraux post mortem et postopératoires humains, on observe bien la présence de nouveaux neurones chez les fœtus, enfants et adolescents, mais pas chez les adultes. Voici le nouvel épisode d'une véritable saga scientifique, qui a débuté dans les années 1960.

Pour rappel,  au XXe siècle, un vieux dogme énonçait que l’on naissait avec un stock de neurones donné qui ne faisait que décroître tout au long de la vie. Mais en 1965, Joseph Altman du Massachusetts Institute of Technology (MIT, États-Unis) découvre chez le rat adulte la naissance de nouvelles cellules nerveuses. Et ce, dans deux pouponnières à neurones, le système olfactif et le gyrus denté de l’hippocampe, une région impliquée dans l’apprentissage et la mémorisation. Les années suivantes, cette “neurogenèse” est également observée chez le canari et le poisson-zèbre.

À partir de 1998, le dogme est pulvérisé, quand s'accumulent les preuves d'une neurogenèse adulte chez les primates dont l'humain. Au printemps 1998, Elizabeth Gould de l’université Princeton (États-Unis) rapporte dans une étude la présence d’une neurogenèse dans l’hippocampe et les bulbes olfactifs de primates adultes (singes marmosets). En novembre de cette même année, le Suédois Peter Eriksson (Sahlgrenska University Hospital, Suède) et l’Américain Fred H. Gage (Salk Institute en Californie) trouvent, eux, de nouveaux neurones générés dans le gyrus denté de cerveaux adultes humains. Ils ont analysé pour cela des coupes de cerveaux post mortem de cinq patients à qui on avait injecté au préalable un produit de contraste qui révèle les cellules en division. “De nouveaux neurones sont générés à partir de progéniteurs cellulaires dans le gyrus denté des humains adultes ”, concluent alors les auteurs dans l'étude publiée dans Nature. “Nos résultats indiquent que l’hippocampe humain garde sa capacité à générer des neurones tout au long de la vie.”

700 nouveaux neurones par jour 

En 2000, toujours selon Peter Eriksson et Fred Gage, ces nouveaux neurones sont générés dans le gyrus denté jusqu’à 72 ans.  Mieux, en 2013, la neurogenèse humaine est comptabilisée. Chez les humains adultes, “700 nouveaux neurones sont ajoutés dans chaque hippocampe par jour, ce qui correspond à un renouvellement annuel de 1,75% des neurones dans la fraction renouvelable, avec une légère diminution au cours du vieillissement”, concluent Kirsty Spalding, Olaf Bergmann et Jonas Frisen de l’Institut Karolinska (Suède). Pour cela les chercheurs ont utilisé une méthode innovante de marquage à base de carbone 14. 

Cinq ans plus tard l’équipe de l'UCSF écrit un nouveau chapitre de l’histoire. Elle a collecté des échantillons d'hippocampe post mortem et postopératoires (après chirurgie de l'épilepsie) de 59 personnes — du fœtus à 14 semaines de gestation à l’adulte de 77 ans. Puis les échantillons ont été traités avec des marqueurs classiques dits à anticorps, Ki-67+, SOX1+, SOX2+,  DCX+PSA-NCAM+, chargés de révéler les cellules progénitrices neuronales (futurs neurones) et les jeunes neurones.

2 neurones au millimètre carré à 13 ans

Et là, patatras : chez l'adulte, les échantillons marqués ne présentent pas de cellules progénitrices ou jeunes neurones dans le gyrus denté de l'hippocampe — précédemment signalé comme étant le siège de la neurogenèse adulte. Plus précisément, la densité des jeunes neurones est d'environ 1618 neurones par millimètre carré à la naissance, puis plus qu'environ 12 par millimètre carré à l'âge de 7 ans, enfin réduit à 2 par millimètre carré à 13 ans. On ne trouve pas trace de jeunes neurones dans les échantillons d'individus de plus de 18 ans. En outre, sur les échantillons prélevés chez des patients épileptiques, des progéniteurs de neurones existent chez un nourrisson de 10 mois, mais pas chez un enfant de 11 ans. Le bébé a également de nombreux jeunes neurones, mais un enfant de 7 ans atteint d'épilepsie en a très peu et aucune des 13 personnes de plus de 11 ans n'a de nouvelles cellules cérébrales, rapportent les chercheurs.

Ces résultats corroborent ceux d’une précédente étude publiée en 2016  par Greg Sutherland de l’université de Sydney (Australie) ayant montré un résultat similaire sur des tissus humains de 23 patients décédés, de la naissance à 59 ans. Elle concluait à un déclin marqué de la neurogenèse avec l'âge. 

Conclusion des auteurs de l'UCSF dans Nature : “Le recrutement de jeunes neurones vers l'hippocampe du primate diminue rapidement au cours de premières années de la vie, et la neurogenèse dans le gyrus denté ne se poursuit pas, ou est extrêmement rare, chez l'homme adulte. Le déclin précoce de la neurogenèse hippocampique soulève des questions sur la façon dont la fonction du gyrus denté diffère entre les humains et les autres espèces dans lesquelles la neurogenèse de l'hippocampe adulte est préservée.

Comment va réagir l’aréopage de chercheurs renommés qui ont fait ces découvertes cruciales depuis vingt ans ? "Les résultats soulignent notre besoin de nouveaux et meilleurs outils pour étudier la neurogenèse adulte afin de s'assurer que nous utilisons les bons marqueurs, a pour sa part commenté Fred Gage au magazine The Scientist. Le document, note-t-il, révèle des lacunes dans la compréhension de la neurogenèse par les chercheurs, que d'autres études combleront."

Des chercheurs prudents face aux conclusions de l'étude

À l'Institut Pasteur, à Paris, dans le laboratoire Mémoire et Perception de Pierre-Marie Lledo, grand spécialiste de la neurogenèse, on salue la qualité de l'étude de l'UCSF mais on reste extrêmement prudent quant aux conclusions. "Il faut à présent faire un travail d'analyse approfondi de ces résultats pour comprendre pourquoi ils contredisent totalement les résultats précédents, notamment ceux de l'équipe suédoise de Jonas Frisen  (Institut Karolinska), estime Mariana Alonso de l'Institut Pasteur. Cela soulève des questions techniques (la pertinence des marqueurs) et d'échantillonnage (quels sont les cerveaux étudiés). Et on ne peut aussi exclure encore la possibilité que les jeunes neurones ne répondent pas de la même façon aux marqueurs utilisés, chez l'adulte et chez l'enfant." La chercheuse reconnaît cependant un point crucial : “L'intérêt de cette étude est de montrer que  la neurogenèse adulte humaine n'a pas la même ampleur que chez la souris, et sur ce point on est tous d'accord.”

Est-ce la fin des espoirs de thérapies futures qui utiliseraient la capacité de produire des nouveaux neurones du cerveau pour réparer des lésions ? “Je ne le crois pas, poursuit Mariana Alonso. In vitro, il a été prouvé que certains tissus cérébraux possédaient des cellules souches capables de produire de nouveaux neurones. Peut-être qu'en temps normal, chez un individu sain, elles sont en dormance, mais on pourrait toujours chercher à les "réveiller" pour les utiliser dans un but thérapeutique". Pour la chercheuse, la messe est loin d'être dite. "Une grande discussion scientifique ne fait que commencer .”

                                                          ***

Affaire à suivre...

21:22 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : neurones |  Facebook