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04/01/2018

Partisane ou partisante?

La vie de la langue et ses anecdotes...

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À force de tergiverser sur la forme féminine de l'adjectif (partisane chez Robert, partisante chez Larousse version électronique), il était écrit que l'on finirait par ne plus savoir orthographier le substantif.

Emprunté de l'italien partigiano, lui-même dérivé de parte (« partie ; parti »), ledit substantif s'est d'abord écrit partysan, selon le Dictionnaire historique.

La forme féminine partisane, attestée dès la fin du XVe siècle, fut aussi bien employée comme substantif que comme adjectif : Vous n'aviez point de partisane plus sincère (Voltaire). Telle estoit lors l'affection partisane (Agrippa d'Aubigné, cité par Littré). Toutefois, note Thomas, « l'usage de ce féminin se perdit et l'on vint même à en critiquer l'emploi ; ce qui amena la forme barbare partisante réservée au style très familier », par analogie avec les mots en -ant. Et les spécialistes de se gausser de la séduisante Ninon de Lenclos, qui écrivit en son temps : Comme femme, je suis partisante des modes.

De nos jours, l'Académie, après avoir longtemps considéré partisan comme exclusivement masculin à l'instar de témoin (Elle en est un bon témoinElle en est un fervent partisan), s'est enfin résolue à tolérer la forme partisane comme nom (pour désigner une personne qui soutient un parti, se déclare en faveur de quelqu'un) – en la qualifiant toutefois de rare – et comme adjectif (qui se dit de quelqu'un qui témoigne d'un certain parti pris), mais le mal est fait : le t injustifié de l'adjectif partisante a fini par rejaillir sur le substantif. À la décharge de notre journaliste, la graphie partisant se serait rencontrée sous la plume de Richelieu, mais Girodet n'en a cure et recommande d'« éviter absolument la forme incorrecte partisante ».

Il ne reste donc plus qu'à en prendre son parti : partisan(e) s'écrit comme courtisan(e).


Remarque : Ceux qui, à l'instar de Girodet, rechignent à recourir au substantif partisane pourront employer un synonyme (adepte) ou une tournure différente (soutenir, défendre, prendre le parti de, être favorable à).

 

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