Liberté d'expression et blasphèmes...
15/01/2014
Matthieu Vasseur a écrit aujourd'hui un article sur le site Contrepoints.
Dans le contexte actuel de "censure au préalable" et de répression "deux poids, deux mesures" il y décrit les effets pervers de la loi Gayssot qui depuis le 13 Juillet 1990 transforme une réalité historique en Vérité sacrée (tel un dogme de nature religieuse qu'il serait blasphématoire d'évoquer autrement qu'avec révérence.)
--De nombreux juristes, historiens, politiques, écrivains et intellectuels de tous bords s'opposent d'ailleurs à cette loi pour ses effets pernicieux , ou par principe ("La Justice n'a pas à écrire l'Histoire"):
Bernard Pivot,Noam Chomski, J-L Bourlanges, Robert Badinter, Max Gallo, Eric Zemmour, Dominique Perben, François Fillon, Dominique de Villepin, Jacques Chirac, Simone Veil, Pierre Vidal-Naquet, Michel Tournier, Michel Houellebecq, Philippe Bilger, François Furet, Paul Ricoeur, Jean Daniel, Alain Robbe-Grillet, Jacques Gaillot, Jean Bricmont, Robert Ménard, Dominique Jamet etc...--
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"Depuis la loi Gayssot, la France a sombré dans un abîme de liberté d’expression à géométrie variable. Il est temps d’en sortir."
".../Cependant, le crime de déni de réalité historique n’est pas la seule nouveauté de la loi Gayssot. Très rapidement, la jurisprudence réintroduit également dans le droit français le délit de blasphème, qui avait été supprimé en 1791 par la Révolution : ce n’est pas le seul déni de l’Holocauste qui est sanctionné, c’est aussi désormais l’irrévérence à son égard. Jean-Marie Le Pen en fait les frais avec son calembour scabreux sur « Durafour crématoire ». Vérité et sacré, Histoire et blasphème se retrouvent donc inextricablement mêlés, cocktail explosif dans un pays laïc. Ce n’était d’ailleurs pas la passion de la vérité historique qui animait M. Gayssot : apparatchik de longue date du Parti Communiste, il en avait fidèlement épousé toutes les justifications alambiquées des crimes de l’URSS (le Goulag ? Quel Goulag ?).
Mais une société qui élève l’irrévérence en absolu, « ni Dieu ni Maître », où un animateur de télévision est applaudi pour avoir demandé à un ancien Premier ministre si « sucer, c‘est tromper », où un crucifix noyé dans l’urine de l’ « artiste » (« Piss Christ ») est présenté dans les musées publics s’accommode mal du retour du délit de blasphème. Le 20 décembre dernier, les Femen ont mimé « l’avortement de Jésus » puis uriné sur l’autel de la Madeleine. Le gouvernement, qui a choisi il y a quelques mois une leader Femen ukrainienne comme nouvelle Marianne (ce dont elle s’est réjouie par un tweet – en anglais, puisque Marianne ne parle pas français – par lequel elle se félicitait de ce que « les homophobes, les extrémistes et les fascistes devront désormais lui lécher le cul lorsqu’ils enverront une lettre »), le gouvernement donc n’a pas jugé utile d’exprimer la moindre réprobation. On ne peut pas approuver le sacrilège ici et le réprimer là sans mettre en jeu sa crédibilité.
Immanquablement se développe, surtout parmi les « exclus », les « rejetés du système », la tentation de bafouer ce qu’un gouvernement et des institutions délégitimés érigent comme dogme impératif. Ces provocations que l’on tolère avec indulgence de la part des artistes et des Femen, pourquoi les interdire aux jeunes des banlieues ? Parce que l’Holocauste est « plus sacré » que le christianisme ? Parce que la « quenelle » est « pire » que pisser sur l’autel d’une église ? Pire que des caricatures de Mahomet ? Qui en décide, au nom de quoi ? S’enclenche la spirale infernale de la révolte d’un côté, nourrie par le sentiment d’injustice, et d’une répression toujours plus folle de l’autre. Deux lycéens se font exclure de leur lycée, un animateur social « des quartiers » perd son emploi, tout cela pour avoir fait la fameuse « quenelle ». Le gouvernement, avec la complicité servile du Conseil d’État, rétablit la censure préalable, faisant ainsi un grand bond vers la démocratie à la russe. Plus rien, ni le Droit, ni même le simple bon sens, ne semble pouvoir freiner cette hystérie de Vertu répressive. " /...
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Premier amendement de la constitution des Etats Unis d'Amérique:
« Le Congrès ne fera aucune loi pour conférer un statut institutionnel à une religion, (aucune loi) qui interdise le libre exercice d’une religion, (aucune loi) qui restreigne la liberté d’expression, ni la liberté de la presse (…) ».
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Appel de 56 juristes à l'abrogation des lois mémorielles
"Elles ne respectent pas la Constitution."
"Elles violent non seulement la liberté d’expression, de manière disproportionnée, mais aussi et surtout la liberté de la recherche."
"Elles violent également le principe d’égalité en opérant une démarche spécifique à certains génocides et en ignorant d’autres, tout aussi incontestables..."
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